Cela fait 14 jours que nous sommes partis de l’océan Atlantique, 14 jours que l’apprentissage a commencé. Nous apprivoisons la route petit à petit.

Nous sommes arrivés au bout de la Dordogne, un département magnifique et accueillant. Depuis Lacanau Océan nous avons parcouru 62 kilomètres de piste cyclable jusqu’à Bordeaux. 10 kilomètres pour sortir de Bordeaux. 63 kilomètres d’autostop jusqu’à Pineuilh pour rejoindre le GR6, premier chemin de randonnée emprunté partant plein Est. Nous le suivons maintenant depuis 140 kilomètres.

Frontière Dordogne - Lot

Frontière Dordogne – Lot

Profiter de l’instant

D’abord un peu fébrile j’aurai mis une semaine à lâcher prise, me laisser aller et tenter de profiter de l’instant présent.

Ma jambe a râlé un peu les premiers jours. Elle semble désormais s’habituer à la marche, ou bien je m’habitue à elle. Peut-être un peu des deux. Je retrouve les plaisirs de la randonnée.

Quant à Vincent, il a eu le sourire dès le début et il ne le quitte pas depuis.

Vivre dans les bois

Nous expérimentons aussi la vie dans les bois. On agrémente nos heures de marche par un peu de cueillette : châtaignes, oseille, ciboulette, thym, menthe, marjolaine, pommes, poires, noix, champignons, arbouses. La nature est encore généreuse en automne.

Dès que l’occasion se présente, nous faisons lessives et petites « douches ». On apprend à se laver avec peu d’eau. D’ailleurs nous avons vite ajouté un gant de toilette à notre équipement (élément indispensable pour se laver avec peu d’eau). On profite du ruisseau pour se laver à poil dans les champs, cachés derrière un arbre.

Amélie se lave les cheveux dans la Dordogne

On s’habitue aux bruits de la forêt. La chouette nous dit bonsoir presque chaque soir. On sursaute au premier cri de brocard. Le passage d’un sanglier tout près de la tente nous réveille.

Saisir la rencontre

Nous apprenons à saisir la rencontre. Dès la première semaine, confrontés à la propriété privée, nous avons dû demander à l’habitant si nous pouvions planter la tente sur son terrain pour la nuit. Parfois aussi lui demander un peu de pain ou d’eau. Chaque contact avec l’Autre se révèle être une rencontre Humaine.

Du simple sourire à l’hébergement, ces rencontres nous ont presque toutes données un élan d’énergie. Pour les autres, de bien loin minoritaires, l’essentiel est de les prendre avec le sourire et de veiller à ne pas créer des apriori et des préjugés.

Les randonneurs qui nous racontent leurs voyages, le fermier intéressé par notre projet, la serveuse qui nous offre du pain, le marcheur du dimanche qui nous invite à profiter de la vie en nous tendant une noix fraichement cueillie, autant de petits riens qui élargissent nos sourires.

D’autres rencontres ont été un véritable échange, le partage d’un moment de vie. La première soirée, le long de la piste cyclable, nous l’avons passée avec Marie, la femme de la forêt. Sans domicile, elle a décidé d’éviter les villes pour vivre dans la nature. Cela fait 10 ans qu’elle dort dans les bois. Elle parcourt la France à vélo, tractant sa petite charrette. À la nuit tombée, elle imite le chant de la chouette, décrypte les différents bruits nocturnes qui nous entourent. Elle nous raconte que la nature l’a sauvée et nous encourage à en observer les merveilles.

Quelques jours plus tard, un couple d’enseignants chez qui nous avons planté la tente nous offre le petit déjeuner.

Mélissa a pris sur sa pause du midi pour nous conduire jusqu’à Bergerac afin de nous ravitailler.

Prochaine étape de l’apprentissage : provoquer la rencontre.

Apprendre par les autres

Ce week-end nous avons vécu notre premier Couchsurfing à Copeaux Cabana.

Ce petit collectif s’est créé au gré de rencontres d’amoureux des cabanes ( ou « Cabanophiles« ). Leur devise pourrait être : « rien est impossible, il suffit de s’y mettre! ». Le groupe grouille de projets et chacun se lance. Charpente, maçonnerie, forge, permaculture, miel, poterie, accordéon, vitrail, et j’en passe. Ils construisent un atelier pour pouvoir y exercer leurs métiers, passions et lubies mais aussi les partager.

L'atelier Copeaux Cabana

L’atelier Copeaux Cabana

Le temps d’un week-end nous avons pu échanger avec chacun. On a pressé du jus de pommes, cuisiné pour les grandes tablées du soir ou découvert le marché de Saint-Cyprien. Nous les avons quittés rechargés à bloc. Plein de rêves en tête, convaincus que tout est possible, que les seules limites sont celles que l’on s’impose.

62 bouteilles issues de pommes de récupération.

62 bouteilles issues de pommes de récupération.

Vincent presse les pommes.

Vincent presse les pommes.