Cela fait maintenant 30 jours que nous sommes partis. Nous avons randonné sur le GR6 jusqu’à Figeac où nous avons rejoint le GR65 qui nous accompagne encore. Il va jusqu’à Genève, le point de sortie de la France. Un mois s’est écoulé, 521 kilomètres de marche. Les jours passent et ne se ressemblent pas. Nous faisons beaucoup de rencontres. Le temps se dégrade. Le paysage évolue. Nous le découvrons pas à pas, virage après virage.

Nos corps commencent à s’habituer à la randonnée. Nos pieds, notre dos, nos épaules et nos genoux ressentent moins facilement les douleurs liées à la marche et au port du sac à dos.

Du Lot à l’Aveyron

Nous sommes entrés dans le Lot (46) par des gorges de calcaire, ancien lit de rivière. Nous avons ensuite parcouru le Ségala vallonné, fait de petits pâturages séparés par des murets de pierres, quelques forêts de chênes et de châtaigniers.

Ensuite, l’Aveyron (12) et le plein automne. Les brebis du Causse laissent place aux vaches. Le relief est de plus en plus prononcé. Les forêts sont pentues, verdoyantes et traversées par quelques petits ruisseaux.

Le gel est bien présent la nuit. La pluie arrive. Nous n’avons cependant pas ressentis de manque de confort, ni de baisse de notre détermination. Au-delà de notre équipement, c’est l’hospitalité grandissante qui nous offre confort et énergie.

Des rencontres pleines de générosité

Depuis Figeac, nous remontons le GR65 (chemin de Saint-Jacques de Compostelle) « à contre-sens »‘ selon certains. « Dans le sens de la rencontre » selon d’autres. Cette dernière version nous plait !

Nous étions partis pour de multiples raisons : prendre le temps, retrouver la nature, découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles cultures, faire des rencontres. Après 30 jours de marche, ces rencontres sont devenues un moteur.

Nous apprenons à provoquer la rencontre. Les échanges se multiplient, du simple sourire à la discussion, jusqu’au véritable partage. Ces échanges nous permettent de trouver tantôt de l’eau, tantôt un commerce ouvert, notre chemin, un refuge. Plusieurs personnes nous ont accueillis chez elles. Elles nous ont parfois offert l’hébergement, le couvert, la douche … Mais elles nous procurent surtout de l’énergie.

Nous n’imaginions pas autant de générosité. Nous appréhendions, et appréhendons parfois encore, les refus. Il ont été si peu nombreux ! Nous pouvons les compter sur les doigts de la main. Une belle leçon du voyage.

Des parts de tarte à la myrtille offertes

Les habitants nous ont offert de la nourriture (du pain, des œufs, de la confiture, de la terrine de lapin, de la purée de piment « 5P », de la Fouace de Saint-Cyprien, du fromage, un café, une tarte à la myrtille, Mmm …). Ils nous rhabillent aussi  avec des chaussettes. Un Anglais avec qui nous discutions sur la route un peu après Nasbinals nous a tendu billet de 20 euros, une journée de budget. Voyant que nous étions gênés et ne voulions pas l’accepté il a insisté :

« Yes, take it ! I like your project and I want to contribute. »

La petite Sibérie

La petite Sibérie. Les plateaux de l'Aubrac

La petite Sibérie. Les plateaux de l’Aubrac.

Refuge - Four à pain, à Lestrade

Le refuge de Lestrade

Nous arrivons ensuite en Lozère (46). En montant sur les plateaux de l’Aubrac, le froid s’intensifie. La neige est partout. Le « vent du nord » transporte des petit grêlons et nous fouette le visage. La température ressentie descend parfois à -8°C. Heureusement, un refuge est présent tous les soirs sur notre route, comme s’il nous attendait. Ces abris sont construits et entretenus par les locaux. Dans certains, il y a même de quoi faire un feu. La région nous apparaît très rude. Les habitants la surnomme « la petite Sibérie ». Une femme nous explique que la neige tombe parfois en mai ou en juin.

Bientôt la Haute-Loire

C’est bientôt la fin du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Nous sommes à 65 kilomètres du Puy-en-Velay, départ officiel de celui-ci. Demain nous entrerons en Haute-Loire, dans le Gévaudan.

Merci

Merci aux  habitants du Lot, de l’Aveyron, et de la Lozère pour leur hospitalité. À Yaëlle, Christine, Pierre, Patricia, Bernard, Océane, François, Benoît, Isabelle, Catherine et Valérie. À ceux qui nous ont hébergés, qui nous ont nourris. Merci à notre « mécène » Anglais. Aux personnes qui ont construit et qui entretiennent ces différents refuges qui nous ont abrité. Merci à ceux avec qui nous avons discuté, échangé, longuement ou brièvement. Merci aux nombreux bonjours et sourires qui ont croisés notre route.

Votre hospitalité, votre présence, vos projets et vos sourires nous remplissent d’énergie. Ils nous motivent. Vous nous donnez la patate !

Les apprentis-vagabonds débordent d'énergie. Même en hiver.