Au revoir la France

Le mois de décembre débute, l’hiver arrive, avec sa dose de neige ! Nous nous apprêtons à quitter la France pour entrer en Suisse. La traversée de notre pays natal touche à sa fin. Nous serons restés sur le GR65 jusqu’à Genève : 861 kilomètres de marche à pied et 126 kilomètres d’auto-stop.

De la Lozère à la frontière Suisse

Après la Lozère, nous traversons la Haute-Loire, la Loire, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie avec un petit détour par l’Ain.

Les sucs et les necks, vestiges de volcans millénaires, laisseront progressivement la place aux monts puis aux montagnes des Alpes et du Jura. Le froid s’intensifie. Pour l’instant, nos vêtements et duvets tiennent la route ! Et nous passons miraculeusement entre les gouttes de pluie. En revanche, nous serons surpris par la neige dès le mois de novembre. La nature, sous son manteau blanc, est magnifique. Nous découvrons le silence au milieu des forêts de sapins enneigées.

randonnée dans les sapins

Cette neige nous a parfois obligé à revoir un peu nos plans (enfin, si on peut appeler ça comme ça). Nous avons dû, par moment, quitter les chemins de randonnée pour privilégier les petites routes, plus praticables. Réaliser une étape en auto-stop. Nous utilisons un peu moins la tente et multiplions les Couchsurfings avec leur lot de belles rencontres.

Une nouvelle vie, de marche et de rencontres

Ces derniers jours, nous réalisons qu’il ne s’agit pas de vacances ou d’une simple randonnée. La frontière Suisse approche et nous aurons bientôt parcouru mille kilomètres. Nous sommes en train de vivre notre projet, l’aventure rêvée. La route et ses imprévus sont notre vie désormais, notre quotidien.

Nous commençons d’ailleurs à avoir une routine, quelques rituels. En France, une journée de vagabonds compte souvent les étapes suivantes:

  • Ouvrir un œil le matin, à la fraîche et s’habiller dans son duvet, préparer son sac toujours dans le même ordre
  • Si l’occasion se présente, prendre un café dans un bar, feuilleter le journal, vérifier les prévisions météo et bavarder avec les locaux
  • Faire des mini-courses, demander du pain de la veille
  • Se mettre à l’abri pour le midi et ne pas oublier de faire sécher la tente
  • Trouver de l’eau et quelques plantes sauvages
  • Dès 16 heures, chercher un endroit pour dormir, monter la tente, faire la popote et parfois se motiver pour se laver dans le froid
  • Occuper les longues soirées d’hiver : recoudre ses gants encore et encore, lire, écrire, dessiner, faire les comptes, regarder l’étape de demain, chercher des hébergements (souvent via Couchsurfing)
  • Ou avoir la bonne surprise d’être hébergés, rencontrer de super personnes, toutes différentes, accueillantes et tellement généreuses, cuisiner, bavarder, jouer, découvrir, avoir une douche chaude et un matelas
Pain de la veilleDessin - carnet de voyage

 

Un quotidien simple qui nous permet de vivre pleinement l’instant présent. Nous nous laissons guider par nos pieds au point de perdre parfois les traces du GR. La marche amène souvent à la méditation.

Des belles surprises

Cette routine est ponctuée d’inattendus, souvent de belles surprises.

  • Je me souviendrai de notre première nuit en Haute-Loire chez Gérard. En fin d’après-midi, nous parlons avec la boulangère. Elle nous dit connaître quelqu’un qui apprécie accueillir les pèlerins. Elle l’appelle, il vient nous chercher, en arrivant il nous dit : « Je vous attendais ». Il est déjà au courant de notre projet de marche vers la Chine. Gérard a entendu parler de nous par un randonneur que nous avions croisé et il se doutait que nous passerions par la boulangerie. Pendant cette soirée, Gérard nous explique qu’il faut avoir confiance en le Chemin. Tant que nous aurons confiance, la route nous donnera ce dont nous avons besoin.
  • Cette soirée assis sur un neck en compagnie de Yoann, à regarder les étoiles, restera aussi un bon souvenir. J’ai pu faire 2 vœux ce soir là.
  • L’après-midi de marche dans la forêt de sapins de Taillard était magique. En pleine nature. Sans croiser un seul homme.
  • La neige m’a fait retomber en enfance. Nous avons vu de gros flocons. Il est tombé 30 cm de neige. Heureusement Guillaume et Irma étaient là. Ils nous ont hébergés pendant une journée. J’ai pu faire mon premier bonhomme de neige. Nous avons ensuite partagé une super raclette.
  • Sylvaine et Cyril nous ont emmené au sommet du Lyand faire des batailles de neige et de la luge avec leur fille. Un vrai bonheur ! Et j’ai même eu le droit à un Ti punch, mon apéritif préféré !

Bonhomme de neige

Tant de belles rencontres que je ne peux toutes les citer.

Apprendre à dire merci

Nos hôtes nous offrent un toit, un repas, nous accordent du temps et parfois remplissent notre sac. Nous repartons de chez eux rechargés à bloc. Comme au premier jour. On veut rendre toute cette générosité à notre façon, avec nos moyens.

Nous arrivons avec notre bonne humeur. Nous avons pour principe de ne pas aller vers l’autre lorsque nous avons « un coup de mou ». Avant d’arriver chez un hôte, si nous sommes fatigués, nous prenons le temps de faire une pause. La première chose que l’on offre, c’est notre sourire. On fait circuler les ondes positives que nous a procurées notre dernière rencontre.

On laisse parfois une petite attention, qui peut prendre plusieurs formes. De l’aide dans les corvées ménagères (rangement, ménage, vaisselle, …). On se met aux fourneaux, cuisinant le repas (Curry, Ratatouille, Wok) ou un dessert (mousse au chocolat, gâteaux, pancakes, caramel au beurre salé, …). Il nous arrive aussi d’apporter un brin de chemin en guise de cadeaux : une soupe d’orties, une infusion de menthe, de réglisse des bois … D’autres fois, un simple mot de remerciement sur un bout de papier, un origami, un attrape-rêve.

CurryMobile

 

Bien souvent, nous aimerions donner plus. Les rencontres sont parfois trop brèves mais c’est aussi ça le voyage, apprendre à dire au revoir et aller vers la prochaine rencontre. Au revoir la France, merci à tous pour ces rencontres merveilleuses.

La générosité est comme un sourire : communicative. Elle nous est offerte, elle nous imprègne, elle déborde et elle se transmet.