L’autostop en Iran, ça fonctionne.

En août 2018, nous nous sommes lancés dans l’aventure et nous avons traversé le pays en autostop.

Les temps d’attente sont courts et la pratique commence doucement à se répendre chez les jeunes. L’autostop reste cependant complètement méconnu de la majorité de la population.

Mais alors, comment ça marche le stop en Iran ?

Avant de vous jetez à l’eau, voici quelques conseils pour réussir au mieux votre expérience.

Les Iraniens connaissent-ils l’autostop ?

Non. Dans 98% des cas les termes stop, autostop, ou hitchhiking sont complètement inconnus des Iraniens. Même pour les rares locuteurs anglais.

Vous aurez d’ailleurs bien du mal à trouver un équivalent en farsi car ce mot n’existe pas dans leur langue.

Parfois, après de nombreuses rencontres, vous finirez par trouver un Iranien qui comprend de quoi vous parler. La plupart du temps, ça ressemblera à ça :

Vous : « Autostop »
Lui: « Auto … bus ? »
Vous:  » No, autostop »
Lui: « Taxi ? »
Vous: « AUTOSTOP, HITCHHIKING »
Lui: « Terminal ? Autobus ? »

Est-ce interdit de faire du stop en Iran ?

En Iran, beaucoup de choses sont interdites. Les femmes doivent porter le hijab, elles ne peuvent pas chanter ni danser dans les rues. Il est interdit de boire de l’alcool, de prendre des photos de bâtiments publics, de promener son chien. L’accès à de nombreux sites est bloqué (Facebook, Couchsurfing, Twitter, …)

Mais aucune information officielle n’interdit l’autostop en Iran. Le fait que 98% de la population ignore son existence y est peut-être pour quelque chose…

Les transports en Iran

Pour bien réussir à faire du stop, il faut comprendre comment fonctionne les transports en Iran.

En Iran, les transports en commun sont extrêmement bon marché. En tout cas comparé aux prix Français.

Un aller Téhéran-Isphahan (450 kilomètres) dans un bus VIP coûte environ 3,50 euros.

Un trajet de 10kms en taxi dans Téhéran revient environ à 1 euro.

Un moyen encore plus économique existe. Le taxi partagé : ce moyen de transport est très courant au moyen-orient.

Il est donc tout à fait courant de voir des personnes sur le bord de la route, faire des signes aux voitures pour monter à bord.

Ce qui n’est par contre pas commun du tout, c’est de le faire sans payer. Il vous faudra donc trouvez un bon moyen de vous faire comprendre.

Amélie fait du stop vers Ispahan

Amélie fait du stop vers Ispahan

Faut-il tendre le pouce ?

Le geste à effectuer pour faire du stop en Iran est sujet à controverse.

Il y a quelques années la réponse à cette question était claire.Tendre le pouce en Iran est une insulte, l’équivalent d’un doigt d’honneur en Europe, c’était donc fortement déconseillé.

Depuis quelques années cependant cette conotation attribuée au pouce tendu semble s’atténuer… Merci facebook ?

Quoiqu’il en soit, plusieurs autostopeurs Iraniens que nous avons rencontrés nous ont confirmé qu’ils levaient le pouce. Nous avons traversé l’Iran en levant le pouce et nous n’avons eu aucun problème.

L’autre méthode consiste à agiter la main ou le bras, avec la paume de la main face au sol. Cette méthode est celle utilisée par les Iraniens pour arrêter un taxi partagé.

Nous pensons que se distinguer des personnes voulant un taxi partagé est important. Nous vous recommandons donc de tendre le pouce ou de tendre une pancarte.

Mais alors l’autostop en Iran, ça marche ?

Oui, contre toute attente, l’autostop en Iran, ça marche.

Tendez le pouce et des gens vont rapidement arriver pour vous aider. Beaucoup de gens. Parfois nous étions entourés par presque 10 personnes essayant de nous aider.

Des Iraniens nous viennent en aide

Des Iraniens nous viennent en aide

Le problème c’est que la majorité des passants ne comprend pas ce que vous faites.

Ils vont donc vous proposer le taxi, le bus, le train. Ou encore de vous déposer au terminal. Ou même de vous payer le bus ou le taxi !

Soyez patients, répéter que vous faites de l’autostop. Et insistez sur le faite que vous ne voulez ni bus ni taxi et que vous n’avez pas d’argent. Avoir des bases de farsi est utile.

« Na bus, na taxi »

« Pul nadaram »

Les personnes vont finir par comprendre ou s’en aller et votre conducteur apparaîtra bientôt. 3 cas possibles :

  • Quelqu’un s’arrête car il connait l’autostop (le moins courant) et vous enmène
  • Une personne finie par comprendre vos explications à base de mots extraterrestres comme « autostop » ou « hitchhiking » (peu courant) et vous aide
  • Un conducteur ne comprend rien à vos explications mais il va dans le même sens que vous et il veut vous aider sans argent (le plus courant)

 

Quoiqu’il en soit, nous avons rarement attendu plus de 15 minutes en Iran.

Nos conducteurs, de Qom à Ispahan

Nos conducteurs, de Qom à Ispahan

Notre expérience:  traverser l’Iran en stop

En Août 2018, nous avons parcouru environ 2300 kilomètres en stop en Iran. De Astara à Sarakhs, nous avons traversé le pays en faisant un détour par Ispahan et par le désert de Dasht.

Nous avons accompagné 23 conducteurs, de belles rencontres qui nous poussent vers notre objectifs : la Chine, à pied et en stop.

Notre méthode : 5 conseils pour faire du stop en Iran

Comme le concept est inconnu des Iraniens et que toutes les voitures sont potentiellement des taxis vous devez être extrêmement clairs.

1. Choisissez un bon endroit

Comme toujours en autostop, l’emplacement est important. En fonction de la ville que vous souhaitez rejoindre il convient de se placer au bon endroit.

Si vous tendez un panneau Ispahan en plein centre de Téhéran, vous devrez sûrement attendre bien plus longtemps que si vous êtes sur la bonne branche du périphérique. Le site hitchwiki donne de bonnes informations sur les emplacements pour sortir des villes principales.

Faites également attention à votre sécurité. Les Iraniens ont un style de conduite qui … leur est propre.

On vous dirait bien de penser aussi à la sécurité du conducteur en choisissant un endroit où les voitures peuvent facilement stationner. Mais en réalité les Iraniens s’en fiches. Ils s’arrêtent n’importe comment.

2. Assurez-vous que le conducteur a compris que vous voulez voyager gratuitement.

Pour notre part nous utilisions la phrase suivante régulièrement : Ama na taxi, pul nadaram (Mais pas de taxi, je n’ai pas d’argent).

Il existe une autre manière, un mot magique, qui nous a été recommandé par un autostoppeur Iranien : salavaati. Ce qui signifie grosso-modo : des prières à la place de l’argent.

Nous préférons éviter la voie religieuse (même si selon lui la prière n’est pas obligatoire).

3. Assurez-vous que tout le monde comprenne où vous voulez aller

Ecrivez le nom de la ville en Persan, vous le trouverez sur les panneaux de direction, sur internet ou sur votre GPS.

Panneau Mashhad

Panneau Mashhad

4. Aidez les iraniens à comprendre ce que vous faites

On a eu créé une deuxième pancarte après Mashhad. L’idée est d’écrire autostop / hitchhiking sur un carton.

Do you know autostop ?

Do you know autostop ?

Dans le meilleurs des cas, la pancarte vous aide à trouver une personne qui connaît le concept et qui peut l’expliquer aux autres qui vous entourent. Victoire, quelques Iranien ont apprit le concept de l’autostop !

Dans le pire, elle vous permet de souligner, en montrant le mot sur votre pancarte, que vous voulez faire de l’autostop pas de l’autobus. Le passant hausse les épaule en signe d’incompréhension et fini par partir.

5. Vous êtes Français. Dites-le !

Les Iraniens adorent aider les touristes étrangers. Il nous est arrivé plusieurs fois de nous faire aider, juste parce que nous étions français.

Alors n’hésitez pas à leur expliquer que si vous utilisez tous ces mots extraterrestres, c’est parce que vous venez de loin.

« faransavi astam » (je suis français) ou simplement « français« , ils comprennent.

Conclusion

Faire du stop en Iran c’est très particulier. La plupart du temps personne ne comprend ce que vous êtes en train de faire. Mais comme les Iraniens adorent aider les touristes, l’autostop marche plutôt bien. Avec un peu d’expérience, ça marche même  très bien.

Et vous, quels sont vos techniques pour faire de l’autostop en Iran ? N’hésitez pas à nous partager vos expériences dans les commentaires ci-dessous.

Bon autostop !