En septembre 2018, nous avons traversé le Turkménistan en autostop. Nous y sommes restés 5 jours, la totalité du temps autorisé par notre visa de transit.

Nous sommes entrés dans le pays par Sarakhs et l’avons quitté par Farap.

Retrouver nos photos du Turkménistan ici.

Le Turkménistan est l’un des pays emprunté par les voyageurs qui souhaitent suivre la route de la soie.

L’obtention du visa tourisme n’est pas possible sans passer par une agence. Il faut alors réserver un tour pour une valeur minimum de 120 $ par jour.

Une option reste disponible : le visa de transit. Accordé de manière aléatoire, la procédure reste assez simple, alors nous avons tenté notre chance.

Comment obtenir le visa de transit pour le Turkménistan ?

Nous avons choisit de faire notre demande de visa en Iran.

Pour faire une demande de visa Transit à Téhéran, les papiers nécessaires sont les suivants :

  • Votre Passeport
  • 2 photos d’identités
  • 1 photocopie du passeport
  • 1 copie du visa de votre pays entrant (l’Iran pour nous)
  • 1 copie du visa de votre pays sortant (pour nous, l’Ouzbékistan)
  • 1 lettre manuscrite expliquant la raison de votre transit (vous voulez traverser le pays, pas visiter). Une seule lettre suffit pour un couple.
  • 2 formulaires remplis (fournis sur place).

Une fois vos papiers acceptés par l’ambassade, le délai d’acceptation théorique est de 10 jours. Vous pouvez ensuite retirer vos visas dans n’importe quelle ambassade du Turkmenistan. Nous avons choisi celle de Mashhad.

Les ambassades du Turkmenistan en Iran sont … spéciales. Pour cause, vous communiquez avec le personnel depuis l’extérieur du bâtiment à travers une ouverture étroite.

Guichet de l'Ambassade Turkmen à Mashhad

Guichet de l’Ambassade Turkmen à Mashhad

Ce qui donne à l’ambassade un petit air de blockhaus. Ceci mis à part, le personnel est professionel et parle plutôt bien anglais.

Bref, 10 jours plus tard nous nous présentons à Mashhad, les visas sont prêts. Seul hic, il faut de nouveau remplir les 2 formulaires, donner des photos et les copies des visas et du passport.

Il faut ensuite payer les visas, 55$ par personnes. Avec des dollars propres et récents. C’est sérieux, ils refusent les vieilles coupures et les billets tamponnés ou endommagés. Il vous faut des dollars de 2013 ou plus jeunes.

Après quelques péripéties pour récupérer des dollars récents en Iran, l’ambassade finit par accepter notre argent.

Nous avons nos visas. Direction le Turkmenistan !

Passer la Frontière de l’Iran au Turkménistan

Une fois sortie de l’UE, les frontières ont chacune leurs spécificités. Si vous voyagez avec peu d’argent, il est particulièrement intéressant de les connaître.

Côté Iran, rien de particulier à signaler. Contrôle rapide de nos sacs, tampons de sorties, circulez.

Arrivés de l’autre côté de la frontière, on nous propose de prendre un taxi jusqu’au premier poste de contrôle.

Cette méthode pour obtenir quelques dollars de plus des touristes est très répandue en Asie.

Nous refusons, nous voulons marcher ou faire du stop. Les gardes frontière ne sont pas d’accord :

« Personne ne marche entre les postes de contrôle de la frontière ».

Après 10 minutes de débat, ils nous font monter dans le taxi sans payer.

Arriver au poste de contrôle on nous met dans une salle d’attente : c’est la pause déjeuner. Nous patientons face au portrait du Président. Il nous sourit.

Comme en Iran, le portrait du dirigeant est omniprésent dans le pays.

Le portrait du président sur un bâtiment public, Turkmenabat

Le portrait du président sur un bâtiment public, Turkmenabat

Une heure plus tard, un garde arrive pour nous faire passer. Le contrôle est ensuite assez rapide. Il faut cependant s’acquitter de la taxe de séjour dans le pays : 14 dollars par personnes.

Comme nous sommes super bien organisés, nous n’avons plus de dollars… Le banquier à la frontière ne veut rien savoir.

Nous cherchons donc quelqu’un qui accepte de nous aider.

Après quelques minutes, nous réussissons à convaincre un iranien de nous échanger ses dollars contre des rials. Il le fait uniquement pour nous dépanner. Quand on a des dollars en Iran, on les garde.

Ouf. Nous réglons la taxe de séjour et retournons voir le gade frontière.

Le garde tamponne nos passeports et nous rappelle que dans 5 jours, nous devons avoir quitté le pays.

Nous sommes au Turkménistan !

L’autostop au Turkménistan

Notre expérience de l’autostop au Turkménistan est assez mince puisque nous avons traversé le pays avec seulement 4 conducteurs.

Comme dans la plupart des pays d’Asie, assurez-vous sytématiquement que le conducteur ait compris que vous souhaitez voyager sans argent.

Vous trouverez plus d’informations dans notre article sur l’autostop en Iran.

Notre expérience commence par la traversée de la barrière de taxis bordant la frontière. Nous répétons de nombreuses fois « no taxi, no autobus, pul nadaram, dengi niet, pechko, … ». Ils nous laissent passer.

Nous marchons quelques kilomètres vers la première intersection dans l’espoir d’un endroit sans taxi.

Un taxi nous rattrape … Il propose de nous aider et de nous déposer à la prochaine intersection gratuitement.

Nous acceptons. 4 petits kilomètres, mais une heure de moins à marcher en plein désert. Merci.

Une fois arrivée à l’intersection nous  préparons notre première pancarte : Mary.

Autostop pour Marry

Autostop pour Mary

La-bas, un couchsurfing nous attend. Ou plus précisément, un appartement. Un couchsurfer, a accepté de nous ouvrir son appartement à Mary alors qu’il n’est pas sur la place !

Après 15-20 minutes d’attente un camion benne s’arrête. Il va à Mary.

« It’s your lucky day », nous dit-il.

Nous confirmons qu’il veut nous prendre sans argent. C’est ok, en route.

Durant, les 5 premières minutes il nous explique que son frein ne fonctionne plus… Mais c’est pas grave, il y a le frein à main…

Six kilomètres plus loins nous sommes arrêtés à un poste de contrôle. 3 militaires nous attendent. Ils font signe à notre chauffeur de s’arrêter. Nous signons un registre et les questions commencent.

Where are you going ?
To Mary

How ?
By foot and Hitchhiking … autostop.

Autostop, no.

Ok, walking then.

(Nous sommes au beau millieu du désert)

Ils refusent de nous laisser marcher. On relance :

Autostop then ?
Autostop, no.

Nous sommes dans une impasse. Nous patientons avec le sourire … 10 minutes … 20 minutes … 30 minutes …

Ils ne savent pas quoi faire de nous.

Ils décident d’arrêter un minibus allant à Achgabat et nous font monter sans payer. « Problème résolu » …

Ils doivent bien se douter qu’on va recommencer à la prochaine intersection puisqu’on ne va pas à Achgabat. Mais au moins on sort du district de Sakhars. Ce n’est plus leur problème.

L’autobus nous dépose à l’intersection avec la route principale pour Mary.

Un contrôle de police à lieu de l’autre côté de la route. Nous nous écartons à pied de quelque kilomètres avant de reprendre le stop.

Enfants turkmenistan - Autostop

Des enfants nous accompagnent vers notre prochain poste de stop

À peine 5 minutes d’attente et Ahmed s’arrête pour nous prendre en stop (les prénoms des personnes rencontrées ont été changées dans cet article).

Ahmed va à Turkmenabat, il accepte de nous poser à Mary.

Comme la majorité des Turkmènes, il parle russe en seconde langue. Il utilise son téléphone pour traduire du russe vers l’anglais. Les questions  habituelles s’enchaînent.

Vous êtes mariés ?
Vous avez des enfants ?
Quel âge avez vous ?
C’est quoi votre métier ?

Et aussi :
Qu’est ce que vous faites là ? Manière polie polie de nous dire « But what’s the fuck are we doing here !?«

La conversation continue et on a un bon feeling. Il nous invite à manger du poisson dans un restaurant à Mary. On accepte.

Durant le repas, Ahmed nous propose de nous enmener jusqu’à Turkmenabat et de passer la nuit chez lui.

On réfléchit. On a déjà un Couchsurfing… Enfin, un appartement. On aimerait bien passer du temps avec les habitants pour voir un peu comment ça marche au Turkménistan.

On décide d’accepter la proposition. Quatre heures plus tard, nous sommes à Turkmenabat. On vient de traverser le Turkménistan en 1 jour d’autostop.

La traversée du pays aura été rapide mais on a l’occasion de découvrir un peu mieux son fonctionnement en restant avec Ahmed et sa famille.

L’hospitalité Turkmène

Durant nos 4 jours avec Ahmed et sa Famille, difficile de s’ennuyer.

Nous mangeons successivement avec différents membres de la famille. Chacun veut nous faire découvrir les spécialités.

Préparation traditionnelle du riz Pilaf

Préparation traditionnelle du riz Pilaf

Riz Pilaf

Riz Pilaf

Nous avons même le droit à un tour de barque sur la rivière !

Un tour de barque

Un tour de barque

Le lendemain soir nous partons pour le désert, le neveu d’Ahmed, Rovach, connait un endroit parfait pour le pique-nique. Un lac au milieu du désert. Génial !

Rovach est super sympa, et en plus, il parle anglais, ce qui est très rare au Turkménistan.

En chemin pour le lac, nous croisons des dromadaires en libertés, une pause photo s’impose.

Dromadaire Turkmen

Dromadaire Turkmène

On coupe ensuite à travers le désert.  Nous nous déplaçons avec trois 4×4, nous sommes dans un Toyota Land Cruiser Prado. La nuit tombe tandis que nous cherchons le bon chemin. Rovach ne souvient plus très bien …

Course à travers le désert, de nuit

Course à travers le désert, de nuit

Finalement, nous arrivons au lac.

On allume un feu et on prépare un gros pique-nique. Toute la famille est là. On passe une bonne soirée à manger des samsa et à boire, et reboire, de la vodka.

Le lendemain au réveil la vue sur le Lac est magique.

Vue sur le Lac, Turkmenistan

Vue sur le Lac

Vue sur le Lac, désert à perte de vue

On mange les poissons péchés sur place.

Ou plutôt, ils mangent, j’ai pris une sacré cuite et mon estomac refuse le moindre ingrédient.

Une dernière baignade dans le lac et en route pour la ville.

La ville de Turkmenabat

Nous passons notre dernière journée au Turkménistan à visiter la ville de Turkmenabat.

Le blanc et les interdits

Sur les axes principaux, les trottoirs sont extrêmement propres et les bâtiments sont tous de la même couleur : blancs.

Les bâtiments publics sont d’une taille impressionnante. Ils semblent neufs, propres, rayonnants.

Au milieu de la ville trône un énorme drapeau du pays. On nous dit qu’il est inscrit au Guiness Book comme étant le drapeau le plus lourd du monde. On ne trouve rien sur Internet mais il est impressionnant.

Drapeau Turkmène

Drapeau de Turkmenabat

À y regarder de plus prêt, de nombreuses décorations semblent être en toc : pas de pierre ni de dorures mais du plastique ou de la peinture.

La ville est morte, vide. Le centre commercial est vide. Il a été construit  pour être une vitrine mais les clients sont rares. Les habitants n’ont pas les moyens d’y faire leurs courses. Ils préfèrent le bazar.

Il est interdit de marcher sur les pelouses. Il est interdit de circuler en ville après 22 heures. Il est interdit d’avoir une voiture noire ou encore une voiture de sport. Il est interdit de se garer le long des axes principaux…

Nous demandons souvent à Rovach « But, Why ?« .

Il nous répond « I don’t know« .

La visite du Président

Les commerces, plus petits mais tout aussi blancs, sont décorés avec de longs rubans qui descendent du toit jusqu’au trottoir. Cette décoration leur a été imposée il y a quelques jours.

Complexe du blanc, Turkmenistan

Complexe du blanc, Turkménistan

Bâtiment imposant, Turkmenistan

Bâtiment imposant, Turkménistan

Pour cause, le Président Gurbanguly Berdymukhammedov est venue dans la ville. La raison de sa venue : lancer le départ de la Turkmen desert race 2018.

Tous les axes principaux sont fermés à la circulation pendant son passage. A chaque coin de rue, des policiers en uniforme et en civil montent la garde.

Ahmed nous raconte qu’une fois, le Président est venu visiter le camping où il passait ses vacances. Toutes les familles avaient été contraintes d’habiller leurs enfants avec un T-shirt de foot.

Contraste avec les quartiers résidentiels

En s’écartant un peu des axes principaux, on découvre un autre visage de Turkmenabat.

La population vie dans des bâtiments totalement différents de ceux des grands axes : sales et usés par le temps.

Turkmenabat, vieux quartiers

Turkmenabat, vieux quartiers

Les habitants circulent dans les rues en tenues traditionnels, longues robes moulantes et foulard pour les femmes, petit chapeau pour les hommes.

Tenue traditionnelle Turkmen

Les écoliers sont en uniformes. Costumes pour les garçons, longues robes vertes pour les filles.

Écoliers Turkmen en uniformes

Écoliers Turkmènes en uniformes

Notre visite se termine. Demain notre visa de transit expire. Nous devrons quitter le pays et rejoindre l’Ouzbékistan.

Nous passons une dernière soirée avec Rovach à jouer aux cartes en discutant des différences entre la France et le Turkménistan.

Et il y a matière à discussion  …

4 questions que nous nous posions avant d’entrer au Turkménistan

Avant d’entrer au Turkménistan nous étions un peu inquiets quant à la politique en place dans le pays. Notamment par rapport au points suivants :

  • Nous nous demandions si il serait possible de circuler librement et facilement.

En seulement 5 jours de transit, nous n’aurons pas visité l’ensemble du pays, certes.

Mais durant ce temps, nous avons traversé le pays, mangé à Mary, visité Turkmenabat et fait une excursion dans le désert.

Au total, nous n’avons subit qu’un seul contrôle. Nos déplacements dans le pays auront donc été simples.

  • Pourrions-nous prendre des photos dans le pays ?

Plusieurs récits de voyageurs reportent avoir vu leurs photos supprimées1,2.

Nous n’avons eu aucun problème. Nous avons photographié Turkmenabat et ces environs en long en large et en travers. Personne n’est venu nous demander de supprimer la moindre photo.

Les contrôles semblent être plus focalisé sur Achgabat.

  • Arriverions-nous à dormir chez l’habitant ?

Couchsurfing étant quasi inexistant et la population et les touristes étant surveillés, nous avions de fort doute sur la possibilité d’entrer en contact avec les habitants.

Finalement, nous aurons dormi l’ensemble de nos nuits chez l’habitant. N’ayant été hébergé que par une seule famille c’est un peu léger pour affirmer que c’est facilement faisable.

Ceci dit, nous avions également 2 réponses positives sur Couchsurfing.

  • Avec quel facilité pourrions nous communiquer avec le monde extérieur ?

L’internet étant restreint au Turkménistan, de nombreux sites web comme Facebook, Whatsapp, Instagram ou Wikipedia ne sont pas accessibles.

Internet est bien restreint au Turkménistan. Mais comme en Iran, la quasi totalité de la population utilise un VPN pour résoudre ce problème.

Nous avons utilisé la solution VPN gratuite Psiphon durant nos 5 jours de transit et nous n’avons eu aucun soucis pour accéder à Internet.

En revanche nous n’avons pas réussi à envoyer une carte postale du Turkménistan vers l’étranger.

Nos hôtes nous ont expliqué que c’était impossible. Ils nous ont proposé d’enmener pour nous ce qu’on voulait du Turkménistan vers la Turquie.

Puis, de la Turquie, de nous l’envoyer en France. Un peu trop compliqué pour une carte postale, vous en conviendrez.

Pour conclure

Nous pensons avoir une vision très superficielle du Turkménistan. Nous avons traversé le pays rapidement et nous n’avons pas mis un pied dans la capitale ou les règles semblent plus strictes.

Cependant avec un visa de transit de 5 jours seulement, il faut faire des choix. Nous avons fait celui de rester avec une famille Turkmène pour voir comment ils vivaient.

Et on ne regrette pas ! Ils nous ont traité comme des rois, nous ont montré la ville, préparé des repas traditionnels et emmené en pique-nique. C’était super.

Vive l’hospitalité Turkmène et à bientôt en Ouzbékistan !